Madrid, Madrid, Madrid… Une ville fascinante où il fait bon vivre, mais seulement quand on peut se le permettre. Si vous n’êtes pas né ici, il est difficile de faire face à la confrontation entre richesse et pauvreté. L’esprit humain ne peut pas comprendre comment il peut y avoir autant de contraste dans un même scénario.

Récemment, un autre étudiant de l’école de créativité Brother Madrid et moi-même avons reçu un exercice portant sur création d’une campagne qui aurait une grande répercussion dans les médias. Le sujet étant entre nos mains, nous avons commencé à réfléchir à ce que nous pourrions raconter. En pensant et en réfléchissant, “ces choses qu’ils mettent devant les banques pour que les sans-abri ne puissent pas y dormir” sont apparues dans l’équation. Lorsque nous avons commencé à tirer le fil, nous avons réalisé que “ces choses” étaient bien plus nombreuses que nous le pensions, qu’elles portaient un nom appelé mobilier anti-sans-abri ou mobilier hostile. Et, malheureusement, ce n’est pas un élément utilisé uniquement par les banques comme nous le pensions, mais une réalité qui se répète sous différents formats dans les villes.

En discutant avec nos proches, nous nous sommes rendu compte que certains d’entre eux étaient au courant, mais qu’ils n’avaient pas conscience de l’ampleur du problème, comme nous. L’autre partie de nos contacts ignorait complètement l’existence et le but de ce mobilier.
Nous avons donc décidé de créer un autocollant pour marquer les emplacements de ce type de mobilier afin de donner une plus grande visibilité à ce problème qui pousse les sans-abri à quitter les quelques refuges qu’ils peuvent trouver dans la ville.

Au fur et à mesure que nos recherches sur cette question progressaient, nous avons commencé à ressentir une plus grande responsabilité et une plus grande implication dans la mission de donner une voix aux sans-abri. Même lorsque le jour est venu de sortir dans les rues pour poser les autocollants, nous avons réalisé que ce problème était encore plus important que nous le pensions.


Le mobilier anti-sans-abri a été déguisé en ce qu’il n’est pas depuis le début. La proposition prétexte que les établissements ne veulent pas que les gens s’assoient sous leur fenêtre ou que les séparations des bancs servent à permettre à plus de personnes de partager un siège. Peu de gens ont été capables de décrypter la réalité de ce mobilier, si bien que les créateurs et les partisans de ces mesures en sont sortis gagnants. Ils ont étendu ces propositions inhumaines dans toutes les villes, en particulier dans les zones centrales des plus grandes villes comme Madrid.



D’autres personnes, comme nous, pensaient que cette initiative était née uniquement et exclusivement des banques ou des entreprises privées. En réalité, comme vous pouvez le comprendre, s’il existe des bancs de rue ou des abribus, entre autres éléments, cela signifie qu’il y a aussi des organismes publics qui consacrent une partie de leur budget à investir dans le mobilier de lutte contre le sans-abrisme. Non pas parce qu’étant une entreprise privée, la mesure cesse d’être si intransigeante mais quand le remodelage de ces éléments que nous avons payé en tant que citoyens, sans qu’on nous l’ait demandé et, de plus, nous a été présenté à travers un énorme mensonge, le problème prend une toute autre ampleur.

Par le biais d’une action sur les réseaux sociaux, nous avons essayé de diffuser cette information pour atteindre le plus grand nombre de personnes possible. Notre mission n’est autre que de donner une voix aux individus que personne n’écoute et que l’on voit à peine : les sans-abri. Il s’agit de personnes qui ne vivent pas dans la rue pour leur propre plaisir, mais parce qu’elles n’ont pas d’autre choix. N’oublions pas que rendre un problème invisible ne le fera pas disparaître.

L’exercice qui consistait à monter une opération médiatique est donc passé au second plan pour se concentrer sur la situation des gens dans la rue. Nous oublions parfois que les citoyens sont le véritable moteur du changement.
Ainsi est née l’action que ma collègue Carmen García Casquero et moi-même, Pablo Rodríguez Rebollo, menons actuellement, et que vous pouvez suivre sur Instagram via le compte @mobiliarioantihomeless.
INFO
Traduction : Maëlle Lafond (twitter @maellelafond)
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