IES Ortega y Gasset, Madrid, Spain. Year 2 Secondary, Class Tutorial, 12th February, 2008.

Madrid Election Talk : Le PIN parental

“Vous ne pouvez pas voter ? Vous pouvez participer à la conversation !”

Auteure : Adisa Raljevic

La droite est célèbre pour avoir écrit et réécrit les livres d’histoire scolaires en faveur des récits conservateurs, déformant ainsi la vision de la société enseignée aux élèves dès le plus jeune âge. Aujourd’hui, elle veut entraver encore davantage la compréhension du monde par les enfants en censurant le féminisme et les droits LGBTQ+.

Comment ? Avec le PIN parental.

Le PIN parental permet de contrôler l’éducation des enfants en autorisant les parents à exclure leurs enfants des activités scolaires qui vont à l’encontre de leurs principes moraux. Le parti d’extrême-droite Vox a introduit ce concept dans les écoles il y a deux ans, en le vendant comme une protection (plutôt qu’une censure) de certains contenus en classe. La présidente conservatrice du gouvernement régional de Madrid, Díaz Ayuso, semble y être favorable.

Dans la pratique, le PIN parental est une forme d’autorisation écrite, destinée aux directeurs d’école, dans laquelle les parents demandent à être informés de tout type d’activité, de conférence ou d’atelier sur le genre, le féminisme ou les sujets LGBTQ+, une autorisation écrite étant nécessaire. De cette manière, les parents peuvent décider de la participation ou non de leurs enfants.

Le PIN parentale est-il légal ?

Le PSOE a toujours été contre cette mesure, le parti Más Madrid a dénoncé la mesure de censure, et Unidas Podemos est allé plus loin en proposant de contrer le PIN parental par la loi.

L’article 27 de la Constitution et les articles 1, 78, 84 et 124.2 de la loi sur l’éducation stipulent que les principes moraux des parents ne peuvent primer sur le droit des enfants à recevoir une éducation complète, dispensée par des enseignants qualifiés et sans parti pris pédagogique. La mise en œuvre du PIN parental signifierait le contournement des activités sur l’égalité et le respect : deux aspects essentiels qui sont défendus par la loi sur les violences domestiques ainsi que d’autres questions LGBTQ+ importantes.

L’hypocrisie d’Ayuso.

Alors qu’Ayuso affirme que la Marche des fiertés annuelle de Madrid est importante pour la ville, elle a également soutenu Vox après qu’ils aient déclaré que la marche ne devrait pas avoir lieu dans le centre-ville afin de ne pas avoir à voir de représentation LGBTQ+. Ayuso parle également d’entraver la création d’un plan d’éducation qui prend en compte le genre et les sujets LGBTQ+, et a même permis au bus Hazte Oír (Faites-vous entendre) de circuler dans la ville en propageant l’intolérance envers les femmes et les personnes transgenres.

Mais tout cela ne sert-il qu’à faire plaisir à Vox ?

Tactique du caméléon.

Il est difficile de dire si Ayuso croit vraiment au PIN parental, au féminisme et aux droits LGBTQ+, ou si elle cherche simplement à gagner des voix.

À Murcia par exemple, Vox a menacé le PP insistant sur le fait qu’il ne voterait pas le budget de la ville à moins que le PIN parental ne soit mis en œuvre. Il semble que ce soit la même stratégie que Vox utilise à Madrid, et Ayuso semble l’accepter. C’est mettre en danger les générations futures pour que le PP reste au pouvoir qui semble être la priorité absolue d’Ayuso – et ce à n’importe quel prix.

Une génération perdue d’enfants de la classe ouvrière.

Dans toute l’Espagne, Madrid est la région qui investit le moins dans l’éducation, et les coupes les plus importantes dans les écoles ont concerné les quartiers du sud et de l’est – la ceinture ouvrière de la capitale. Et Ayuso se prépare encore à licencier 7 300 enseignants supplémentaires. Dans le même temps, 50 millions d’euros ont été injectés depuis les caisses de l’État dans l’enseignement privé l’année dernière, où les écoles ont beaucoup plus de pouvoir pour mettre en place le PIN parental. La place croissante du secteur privé dans l’éducation équivaut à la montée du contrôle de l’éducation par la droite, mais le contrôle de l’éducation par la droite conduira également à davantage de privatisation à l’avenir.

Indépendamment de ce que dit ou croit Ayuso, il est inacceptable qu’un parti politique se dise pro-LGBTQ+ et pro-droits des femmes alors que ses politiques visent clairement à censurer les femmes et la communauté LGBTQ+, et à démanteler 46 ans de progrès.

Cet article a été écrit par Adisa Raljevic et traduit par Maëlle Lafond.

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